Les BRENTANO de Bonzanico au bord du lac de Côme

 

Le nom de BRENTANO a une bonne renommée dans les pays germanophones. De nombreuses personnalités issues de cette famille se sont distinguées dans l’économie, la culture et la politique, et de grandes familles allemandes se sont alliées avec eux. En effet les BRENTANO sont plus connus au nord des Alpes que dans leur Lombardie natale, bien que peu d’entre eux aient fait le saut.

 

Les généalogistes allemands se sont depuis longtemps intéressés à une branche de la famille Bentano, plus ou moins dans le cadre de l’histoire de la noblesse sans chercher à les rattacher aux membres les plus nombreux de la région du lac de Côme. C’est pourquoi ici l’objectif est de faire une recherche systématique sur la période des premiers actes notariés à partir de 1425 jusqu’environ 1700/1750 avec une attention particulière pour les rameaux et personnes émigrés vers le nord.

 

La famille BRENTANO est originaire du petit village de Bonzanico dominant Lenno sur la rive ouest au centre du lac de Côme. Là habitent les premiers BRENTANO connus et c’est probablement là que s’est formé le paronyme. Cependant cela n’exclut pas que lors de la formation des premiers noms de famille vers 1100/1200 le nom de BRENTA ou BRENTANO ait pu apparaître ailleurs. Dans la région de Lenno selon les données accessibles les plus anciennes en 1425 seuls des BRENTANO vivent à Bonzanico. ( avec une exception : certainement un gendre d’un BRENTANO ! ) et les BRENTANO ne se trouvent qu’à Bonzanico. Un rameau est bien parti à Varenne peu avant 1400 mais n’y a pas fait souche. A cette époque ancienne les membres de cette famille étaient appelés del BRENTA, de BRENTONIS ou simplement surtout de Bonzanico. Les premiers ancêtres BRENTANO ont  probablement fondé Bonzanico, ce nom pourrait être un diminutif de Bonzeno, et des noms de lieux tels que Bonzeno, Bonzano, Bolzano etc ne sont pas rares dans les Alpes ( à coté de Nesso il y a un hameau du nom de Onzanico ! ) .

 

Autrefois, Bonzanico appartient à la commune de Mezzegra avec les hameaux ou les fermes du nom de Polla, Azzano, Albana et Giulino et sera rattaché en 1692 à la paroisse de Lenno. Jusqu’en 1638, la commune de Tremezzo, est  rattachée aussi à Lenno ainsi que ses hameaux de Susino, Intigrano, Volesio Viano, Balogno, et Rogoro.

 

Mezzegra semble à l’origine avoir été un nom générique pour les cinq hameaux précités. Un groupe de maisons autour de la vieille église de saint Abbondio est nommé St Abbondio et plus tard manifestement Mezzegra en tant que centre spirituel de la région située entre le torrent Polla à l’ouest et Albana à l’est.

 

 

« Vicini » et « Nobili »

 

Jusqu’en 1500/1550, au bord du lac de Côme ( et ailleurs ) , la population rurale se divise en deux catégories : les comuni ou vicini ( ou communautés ) ayant une propriété du sol communautaire et collective, et les singolari ou nobili ayant une propriété personnelle, souvent en culture fourragère dans toute la région du lac. Plus tard ces différences s ‘estompèrent pour disparaître complètement. D’une part les comuni ( ce n’était pas du servage ), réglaient les affaires au conseil des anciens selon les règles dites vicinantia, et d’autre part les singolari  débattaient autour de l'assemblée des squadra nobili. Il est certain que les nobile de la période ancienne, surtout à la campagne, ne pouvaient être comparés aux nobile en 1700/1800 et encore moins aux nobles allemands ( Adligen ) vis à vis des bourgeois.

 

Inversement on en déduit que tous ceux qui à cette époque ancienne sont désignés dans les actes notariés comme propriétaires fonciers ou riverains font partie des singolari ou nobili. Cependant dans les actes les communautés ( comunis ) sont citées comme riveraines.

 

 

Les premiers patronymes

 

Les premiers patronymes sont DEL BRENTA ou BRENTANI toujours en qualité de propriétaires c’est à dire singolari. Ils seront plus ou moins régulièrement cités comme omnes nobilis par l’assemblée des squadra nobili de Mezzegra.. Il est certain qu’un simple BRENTANO n’aurait su être qualifié de nobile, mais le titre s’applique lorsqu’ils sont réunis en squadra nobili.

 

Les toutes premières désignations de BRENTANO sont les suivantes ( à l’époque aussi DEL BRENTA  c.a.d. de Bonzanico ) :

 

En 1149, Johannes de Bonzanico achète de la terre à Tremezzo et Suzino ( sous le nom de de Bonzanico dans armorial Ticinese )

 

En 1197, est cité Rogerius DEL BRENTA comme témoin ( cartella 128 des archives nationales à Milan )

 

En 1206, est cité un Johannes DEL BRENTA ( même cartella 128 )

 

En 1213, est cité un Johannes ( DEL ? ) BRENTA à Chiavenna ( la source m’est inconnue )

 

En 1249, est cité le sieur Guglielmo héritier du défunt sieur Roberto DEL BRENTA comme voisin de parcelles surplombant Lenno probablement aussi près de Bonzanico ( cartella 128)  Ce sieur Roberto décédé depuis longtemps pourrait être contemporain du nommé Johanes de Bonzanico de 1149.

 

En 1282,  Johannes DEL BRENTA est cité comme participant à un raid sur la ligne de crête au-dessus de Côme avec Jacobus, Bertoldus, Bonadeus et Mutius de Bonzanico qui certainement appartiennent à la famille BRENTA. ( parchemin N° 4164 à l’Ambrosiana de Milan )

 

Le nom DEL BRENTA  apparaît non pas sous cette forme, mais sous la forme paléographique usuelle telle que d’ b/nta, d’ b/ta, et auparavant en 1249 d’ brenta, ce qui signifie aussi bien de brenta ou del brenta, avec comme origine soit le nom de la localité de Brenta soit un homme du nom de Brenta.

Ensuite les BRENTANO authentiquement accessibles apparaissent en 1423 dans les dossiers du notaire Bertramo Riva aux archives nationales de Côme, sous les formes de Bonzanico, del Brenta, et de Brentonis. Cette forme là ( del Brenta )  fait conclure que la lignée pourrait descendre d’un homme nommé Brenta.

 

L’origine maintes fois supposée du lieu de Brenta entre Varese et Laveno me semble en effet très hasardeuse, mais pas impossible, car fin 1427, vit à Tremezzo un certain Maître Pietro di Marti de Varese et en 1431 à Côme un Giovani di Varese fils du sieur Zanni ce Cittiglio non loin de Brenta. En outre est cité dans le cartella 128 précité en 1250 un Abundius de Induyno chanoine d’Isola, et ainsi pense-t-on à Induno juste au nord de Varese.

 

Par ailleurs à l’origine un homme du nom de Brenta serait vraisemblable car ce nom a été réellement donné au Bord du lac de Côme.

 

1220 – in persona et rebus Bertarij qui dicitur Brenta, filij quondam domini Alipandi ( filij quondam ) Paxij LAMBERTENGHI de Vico  ( la famille LAMBERTENGHI de Côme se trouve déjà avant 1400  propriétaire de terres dans la zone de Mezzagra ! ) 

 

1332 – Otallo nato quondam Brenta de Lopia de Belaxio ( Otallo ou Otello serait le diminutif du nom fréquent à l’époque de Otto cf le nom de Guillaume Tell et le titre de l’opéra Otello )

 

En 1425, les premiers BRENTANO repérables sur des actes notariés ne peuvent pas être a priori comme étant des frères, cousins et autres parents car à l’époque la famille existe à Bonzanico depuis au moins dix générations, ; c’est aussi pour cette raison que l’établissement d’une descendance directe à partir des del Brenta cités en 1200 jusqu’en 1425 serait hasardeuse.

 

Des noms de famille à consonance analogue se trouvent maintes fois en Lombardie comme par exemple BRANDANI, PRANDONI, ALIPRANDI PRANDI etc.

 

 

Les armoiries

 

Deux armoiries sont à considérer

 

1 ) les armoiries connues avec une hotte enrichies plus tard en style baroque ; le mot Brenta autrefois une mesure de capacité  homonyme de panier

 

2 ) les armoiries di Bonzanico avec un arbre feuillu placé sur la hotte ( Armorial Ticinese )

 

 

Le temps de l’égalisation

 

Les BRENTANO rassemblés en 1420/1450 dans la garde de Mezzagra cultivent les terres entre le torrent Polla et Albana ou plus exactement le faisaient cultiver : il s’agit de paysans libres et non de vassaux. Plus tard s’estompe la différence entre les comuni et les nobili : les premiers individualisent leurs biens fonciers ( avec cette restriction qu’ils ne peuvent vendre qu’au sein de la communauté ) et les seconds sont de plus en plus fixés sur leur lieu d’origine. Ceux ci s’y cherchent des épouses. Ils aliènent leurs biens fonciers éloignés et doivent par ailleurs demander l’autorisation pour vendre ceux qui ne le sont pas. Dans ce regroupement, les vicini et les nobili en viennent à se mêler. Ils deviennent les vicini et quadra alors que le terme nobilis disparaît.

 

Comme toutes les ancienne familles nobles de l’ouest du lac de Côme ( SALIVE, PRESTINARI, PURICELLI LUONI, CANARISI, etc ) les BRENTANO se fondirent encore plus comme résidents ordinaires, cela peut-être parce que le grand commerce nord-sud ne parcourt plus les berges du lac de Côme et pratique d’autres routes ( Augsbourg-Venise ?! )

 

Les localités autour du lac de Côme ne doivent pas être comprises comme des « villages » au sens allemand du terme, mais plutôt comme des bourgades. Leur population libre constituée de familles connues par leur passé mais souvent pauvres soucieuses de s’allier aux vieilles familles locales. Seules les branches pauvres donc d’un niveau social inférieur s’allient à des familles venues des vallées extérieures au Tessin.

 

D’autre part toutes ces familles se multiplient, spécialement les BRENTANO, à tel point qu’il ne reste plus de place : on construit de nouvelles maisons. C’est alors que de nombreux hommes jeunes s’essayent dans un négoce à l’étranger. Un grand nombre s’installent définitivement au loin sur le lieu de leur commerce.

 

Quelle que soit la branche émigrée des BRENTANO parvenus loin de leur patrie, surtout en Allemagne ( disons dans l’espace germanophone ), tout comme aussi à Gènes ; Milan, Schio près de Vicenza etc. Et seulement peu de branches de la grande famille BRENTANO en vinrent à la richesse au renom à la puissance et aux titres. La grande majorité s’est fondue sur place.

 

 

Nobles ou roturiers .

 

Depuis la fin de la féodalité, jusqu’à la stabilisation de la noblesse en 1700, au moins en Lombardie et plus précisément au lac de Côme, il n’y a pas de frontière entre nobles et roturiers dans le sens «  celui ci est noble et celui là ne l’est pas ». Noble était synonyme de renom, richesse puissance et famille connue et les seules familles nobles qui comptent

-          sont représentés dans les services municipaux ou de l’état

-          sont notaires en ville ou à la campagne

-          se marient dans des familles domiciliées ailleurs

-          s’élevaient à partir de fonctions ecclésiastiques à la campagne à de hautes dignités spirituelles.

-          font partie des monastères possédés par de bonnes familles ( peut-être trouve-t-on dans les monastères des enfants des meilleures familles ? )

-          ont relativement beaucoup d’enfants en aucune façon hors mariage

-          donnent à leurs enfants des prénoms fastueux pris dans l’antiquité comme Pompée, Aurélien, Sigismond, Polissene, Graziadio …

 

Tout cela ne colle pas avec les BRENTANO ; il est vrai que quelques-uns uns avant 1500 sont aptes au notariat, mais ne deviennent jamais notaires. On trouve les premiers chanoines chez les BRENTANO à la fin du XVIIe siècle, tout comme les premières accessions de religieuses au couvent de San Faustino e Giovata près de Campo.

 

Dans ce domaine il est aussi intéressant d’observer à quel point les vieilles familles résistent  à la promotion à la dignité de comte. Il est reproché à leurs descendants d’êtres issus d’un petit commerçant et de ne pas égaler par la naissance les familles du lac de Côme etc. .. Et en 1749, Pietro « Monticelli » anobli doit aussi faire face à des reproches analogues.

 

 

L’émigration

 

En 1600 s’installe un fort courant d’émigration pas seulement dans la zone Lenno-Tremezzo. Pères et fils partent plus que jamais faire du commerce vers le nord jusqu’aux Pays Bas et vers Dantzig. Maints d’entre eux parviennent grâce à leur ténacité et leur opiniâtreté à l’importance, la renommée et la richesse. Ils deviennent négociants en gros, certains avec un important chiffre d’affaires. Ils s’installent avec leurs familles sur leurs nouveaux lieux d’activité. Beaucoup d’autres retournent chez eux comme petits commerçants. Les descendants ayant réussi des branches des familles BENTANO, BELLINI, PRIMAVESI, MINETTI, etc.  occupent des positions importantes dans les affaires et la culture en Allemagne. Ce sont elles qui ont donné l’éveil sur la généalogie de cette émigration. De ce point de vue, on peut prendre en compte strictement ses propres ancêtres ou bien étendre involontairement la noblesse de son propre aïeul à tous les porteurs du nom.

 

Au début il y avait seulement de la bonne volonté et pas d’argent : on achetait à crédit ou avec de l’argent emprunté et ensuite on avait souvent du mal à rembourser. Les actes notariés décrivent clairement l’étroitesse des relations financières.

 

La forte émigration des années 1600/1625, ne s’est pas produite soudainement. Déjà avant 1500 ( et certainement encore bien avant ) les marchands de tissus de la région de Lenno – parmi lesquels des BRENTANO – sont en Engadine et ensuite se sont manifestement lancés au-delà des Alpes. L’émigration vers la région de Pescara en Italie centrale était aussi importante : une colonie de « cômiens » surtout des boulangers et des entrepreneurs de bâtiment  a vécu à Lanciano, Ortona a Mare, Sulmona, L’Aquila, etc. On trouve aussi à Vicence des hommes originaires de Sala et Bonzanico.

 

Ces émigrations sont typiques de toutes les petites vallées au sud des Alpes du Piémont au Frioul. Cela vaut pour la petite « vallée » du lac de Côme du fait de l’absence d’une véritable agriculture, ce qui entraîne l’absence de hiérarchie sociale dans le domaine agricole. A coté apparaissent les bourgeois avec leurs entreprises comme dans les grandes vallées de l’Adige et du Valais.

 

Chacun possédait un plus ou moins grand nombre de parcelles qui étaient couramment achetées, gagées, revendues, données en dot etc. comme de nos jours des actions ou valeurs mobilières à la banque. Tel ou tel était laboureur, marchand, artisan, etc. Simultanément des fils de toutes les familles partaient au loin, disparaissaient ou réussissaient. Les familles étaient pauvres mais avaient leur maison et leurs terres. L’émigration et les retours développent le sens de la patrie et de la famille. Un fils était par exemple boulanger à Lugano, un autre ecclésiastique à Rome, un parent était marchand à Francfort  Une sorte de parainage se crée auprès de telle détresse locale et se développe plus tard surtout parmi les émigrés venus du Tessin.

 

Les habitants du rivage des environs de Colonna à Cabenabbia ( aujourd’hui Tremezzina ) vivaient de l’élaboration et du commerce non pas de produits locaux ( car il n’y en avait pas ! ) ; mais du fer de la vallée de Valsassina au-dessus de Lecco, des tissus de Côme et  Milan, du cuir du sud de l’Allemagne, et plus tard des fruits exotiques, des légumes, du tabac, etc. venant de la Méditerranée par Gènes. Cette forme de commerce se développe à partir de 1650 et on trouve de nombreux BRENTANO parmi les actifs car c’était la souche la plus nombreuse. Il est étonnant de constater quelle énergie et quel sens de la réussite ont déployé quelques BRENTANO, lorsqu’ils purent enfin se libérer des entraves connues chez eux.

 

A cela s’ajoute qu’en qualité d’immigrés en Allemagne ils n’avaient pas de respect pour les règles sacrées du négoce et des corporations en Allemagne. Les BRENTANO à Gènes et certainement aussi à Messine fournissaient les BRENTANO marchands en Allemagne. Ceux ci livraient à leur tour les BRENTANO petits commerçants. D’autres noms du lac de Côme sont nombreux à être sortis du rang, mais les BRENTANO sont les plus importants ne serait ce que par le nombre ! Beaucoup de marchands importants ne savent pas écrire. De nombreux se marient en Allemagne et ramènent chez eux leurs épouses.

 

Beaucoup de ces marchands s’associent pour une durée limitée, pour des raisons pratiques mais certainement aussi pour ne pas se retrouver isolés à l’étranger en cas de problème. Des associations de deux ou trois compagnons étaient d’usage dans le nord de l’Italie ( et le sont encore ) sans pour cela créer une entreprise.

 

 

Les bases du droit.

 

Le père avait le pouvoir financier et le pouvoir de décision non seulement sur sa propre famille mais sur la famille des fils mariés et leur patrimoine ( y compris s’ils sont à l’étranger ! ). Seuls les anciens se rassemblent aux « vicinanzia » et débattent des problèmes de la communauté. Il y a donc les anciens mais aussi l’aîné des fils en cas de disparition prématurée. Dans le testament le père partage le patrimoine selon le principe de l’égalité  entre les fils et les filles célibataires. Les filles mariées avaient obtenu leur part d’héritage sous forme de dot en quittant le foyer. Les dots accordées à la descendance doivent être conçues selon la règle du partage proportionnel ( à ce sujet on doit tenir compte de la très lente mais réelle dépréciation le la Lire ). Ces dots sont le plus souvent peu importantes. Par exemple la fille d’un marchand de cuir Giovana Rovelli en 1556 lors de son mariage à Côme avec un marchand connu ( mais pas important ) Pietro Luigi Magni a reçu une dot de 8.000 Lires.

 

Par un acte de licence notarié un fils pouvait quitter le foyer prématurément c'est à dire du vivant du père lorsqu’il voulait créer son propre négoce.  Il devenait légataire pour sa part et ne sera plus cité dans le testament du père en qualité de filius licenciatus, divisus, separatus. Cela à l’exception de petits ajouts sous la forme de legs.

 

Les hommes et les femmes étaient majeurs à 25 ans. Les garçons peuvent témoigner à partir de 15 ans. Les femmes étaient aptes à négocier mais seulement avec l’assistance ( cum parabula ) de leur époux ou d’un parent proche.

 

Les règles d’attribution des noms furent étroitement suivies jusque vers 1700 : au premier fils le nom de l’aïeul paternel, au second celui de l’aïeul du coté maternel, etc. Cette règle est d’un grand secours pour les recherches généalogiques de filiations. Signalons que le prénom très fréquent depuis environ 1500 de Giovanni Battista ( avec l’accent sur Battista ) perdit sa « renommée » après 1700 environ. Les fils de nombreuses familles baptisés Giovanni Battista, qui en sont fiers, apparaissent brusquement avec seulement Giovanni.

 

 

Les titres

 

Des titres tels que sér ( toujours devant le prénom ! ) dominus ( don ). Messer, domina ( donna ) aussi magister ( maître ) etc. ne sont qu’un clin d’œil à la position sociale du destinataire. Ce n’est pas un signe de noblesse ( ou non ) de celui ci ou de sa famille. Celui qui fait carrière peut être appelé graduellement dominus, magnificus dominus, multus magnificus dominus, etc. en fonction de sa position sociale. Le titre de magnificus dominus qui ne peut s’appliquer qu’avec dominus  est très rare et, selon la règle, n’est utilisé que pour les titulaires de hautes charges telles que juge, gouverneur apparaissant dans des actes. Dans les généalogies allemandes sur les familles du lac de Côme, le titre fréquemment apposé de magnificus repose sur une lecture erronée de l’abréviation magr (magister ou maître )  que l’on peut aussi prendre pour magn et mgn ( magnificus ).Par ailleurs le titre de magnifico ( magnifico signore ) au XVII° siècle est utilisé aussi pour quelques marchands importants. Sér était le titre pour ceux qui en Allemagne seraient appelés « notables ». et magister ( maître ) l’appellation ( pas le titre ) des petits artisans ou professionnels indépendants. Jusqu’aux environs de 1700, le titre de nobile est très rarement rencontré et éventuellement à l’égard des titulaires des plus hautes fonctions


Les métiers

 

Ici l’homme ne s’est identifié à sa profession jamais autant qu’au nord : ici il se trouve que l’on est tailleur, boulanger etc.  là on « existe » en qualité de tailleur, boulanger etc. Les métiers sont rarement cités dans les actes. Couramment un maître tailleur était simplement marchand de tissus, un maître tanneur, un marchand de cuir. Chaque commune possédait une taverne ( faisant auberge ? ) avec commerce d’alimentation et boulangerie et le tout était attribué par adjudication. Par les contacts, apportés par les marchands de passage la position d’aubergiste était certainement très intéressante et donnait de bonnes possibilités de promotion ( voir la famille d’aubergistes Sala della Cabenabbia )

 

Deux références professionnelles mal identifiées concernent les BRENTANO et des familles qui leur sont alliées. Il s’agit des Boffettari et des Spinazzari. Le spinnazza est donc un peigne pour le lin et/ou la laine ou bien le fabricant de tels peignes. Ces Spinazzari allèrent jusque dans les Flandres. En ce qui concerne les Boffettari il doit s’agir de fabricants de machines à filer ou d’ustensiles de cuisine. Se façon analogue, les fabricants de tamis se nommaient Cribi er Sedazzi. Y a-t-il là une persistance du sens français de buffet ( en français dans le texte ) ?

 

Un métier spécifique des gens venus du lac de Côme est manifestement celui de boulanger, car on les trouve loin au sud de l’Italie dans la région de ce qui était le royaume de Naples. Un GIULINI était boulanger à Soncina près de Crémone ( plaine du Pô ). Le pain du lac de Côme était encore renommé, il y a quelques décennies. Le boulanger se trouvait être un spécialiste, car le plus généralement le pain était fait dans les foyers. Le commerce du pain ( panis venalis ) était soumis à une taxe communale. Des noms de familles avaient leur origine dans la profession de boulanger tels FORNARI, DEL FORNO, FORNI et PRESTINARI ( du latin pristina pour fournil ) Par contre chez les bouchers on trouve dans l’ancienne Valteline le nom de BECCARIA.*

 

Les métiers du cuir étaient aussi d’importance au lac de Côme. Le 31 juillet 1652 la succession du cordonnier Giovanni Paolo MOLLO à Menaggio on dénombre 415 paires de chaussures grandes et petites ( vachette et bulgaro ). Il peut s’agir d‘importantes commandes, peut-être lointaines ou à usage militaire. En effet la population locale allait pieds nus ou avec des sabots ou des pantoufles de feutre. Tout au plus les marchands en voyage utilisaient-ils des chaussures de cuir.

 

En dépit du développement de son utilisation, la soie ne jouait aucun rôle au lac de Côme. Prétendument Marie Thérèse aurait fait de Côme un centre pour la soie. Le mûrier à la base de l’élevage du ver à soie n’aurait pu être introduit sur les pentes escarpées autour du lac  ( bien qu’il soit question de mûriers endommagés dans un acte notarié de 1660 )  A partir de 1700 les BRENTANO et aussi d’autres marchands hors de l’espace Lenno-Tremezzo  s’intéressent au négoce de la soie. Ils étendent leur emprise vers le domaine de la soie de Brianza et s’y marient dans les familles du commerce des textiles BOVARA, CHIAPONE, etc.

 

La carrière militaire au lac de Côme est une tradition comme aucune autre. Sur le tard des BRENTANO spécialement de la maison Cimaroli servirent comme officiers dans l’armée autrichienne.

 

 

Les maladies et les crimes

 

Naturellement on sait peu de choses sur les maladies. On sait seulement pour de nombreux cas de paralysie héréditaire que leurs victimes sont appelées zippo. La recherche des épouses au plan purement local a inévitablement entraîné des maladies et des tares héréditaires. Mais à ce sujet on ne peut rien conclure des actes d‘état-civil.

 

Concernant les crimes on connaît quelques cas de meurtres. Comme partout dans l’intimité des montagnards ( et Bonzanico etc. avaient tout à fait le caractère montagnard ) ne sont pas rares les cas d’emportement et de querelles sans fin et les archives rapportent plus d’un meurtre.

 

 

Les habitations.

 

Les maisons des BRENTANO et de leurs voisins étaient construites en pierres naturelles et couvertes de lauzes : Les briques auraient dû être apportées des carrières d’argile de la plaine. Les maisons consistant en cellier ( à moitié au dessus du sol ), rez-de-chaussée et comble. Elles comportaient des pièces contiguës accessibles par un escalier extérieur et palier du coté cour. On faisait la cuisine dans la cheminée et probablement sur de petits foyers au bord des fenêtres avec le bois des forêts alors encore fournies autour du lac. Les principaux aliments étaient les châtaignes et l’orge, le poisson et la volaille, l’huile d’olive, le beurre et le vin.

 

Des maisons prestigieuses furent construites ensuite vers 1700/1750 financées par des marchands et banquiers d’Allemagne et de Milan parmi lesquels des BRENTANO ( ils louaient les vieilles maisons modestes à des immigrés du Tessin ! ) . Un de ces BRENTANO a réuni à la limite supérieure de Bonzanico, de nombreuses maisons héritées ou achetées. Il a essayé de produire un effet baroque tardif. Il n’a pu terminer son projet. L’ouvrage fait penser à une mise en scène théâtrale fantastique. Toutes ces maisons baroques sont menacées de ruine et donnent une impression fantomatique.

 

 

Le langage et l’écriture

 

Comme aujourd’hui encore, la population de Tremezzina parle à l’époque un dialecte lombard, c’est à dire une langue locale. De ce fait elle considérée ensuite comme un dialecte vis à vis de la langue italienne. C’était alors la langue, et seuls les personnes instruites maîtrisaient l’italien académique.

 

 

Les noms et les surnoms

 

Depuis qu’en Lombardie existent les noms de famille, depuis le XII° siècle, ce n’est plus le latin qui est parlé, mais le lombard. Il en résulte qu’il est utilisé par les notaires. Les patronymes rapportés par les généalogistes allemands tels que de BELLINIS, de JULINIS, de RUBEIS, ab ANGELO de BRENTANIS etc. purement théoriques sont des traductions. Personne ne s’est appelé ainsi. Comme encore aujourd’hui à la campagne, on était d’abord connu par son prénom : sér Battista, don Lisander, messér Petrosiso. La particule « de » ( de’ BRENTANI ) n’a rien à voir avec la particule nobiliaire allemande « von », il signifie plutôt quelque chose comme « de la famille… » . D’autre part jusque récemment les surnoms étaient accordés comme encore maintenant en russe ; BRENTANO, BRENTANA, BRENTANI.

 

Comme toutes les familles à l’époque, les BRENTANO recevaient de nombreux surnoms sans pourtant qu’ils supplantent le patronyme, comme c’est le cas chez les SALICE. Les surnoms sont inspirés par une terre, une personnalité particulière, l’aspect, une imperfection et souvent par le prénom d’une mère prématurément veuve. Dans bien des cas les surnoms ne sont pas à expliquer.

 

 

Généralités

 

Une grande partie des données sur les BRENTANO émigrés vers le nord a été prélevée dans les fonds d’archives italiens et se complète par quelques données de manuscrits et de la littérature allemands. Du reste les raccordements généalogiques sur la base d’archives allemandes sont le plus souvent difficiles, car ici à la différence de l’Italie, les intéressés sont désignés sans les données du père. Cela serait absolument indispensable dans le cas de prénoms semblables pour une étude des BRENTANO

 

Du fait de la grande masse de noms, d’informations, et de liens il fallut renoncer à donner des preuves. Je tiens volontiers à disposition de ceux qui sont intéressés les données de base et les analyses. Dans certains cas, une analyse précise des testaments, contrats de mariage et actes de partages cités peut être intéressante………..phrase non traduite

 

Qu’il soit encore mentionné que les marchands les plus importants du XVII° siècle, parmi lesquels des BRENTANO étaient le plus souvent qualifiés de magnifico, magnifico signore, et magnificus mercato.

Cependant ceci n’a rien de titres de noblesse. On ne se trompe pas en ne comptant parmi les nobles seuls ceux désignés par l’expression nobiles : il y en a très peu jusqu’à l’arrivée de la vague d’anoblissements vers 1710/1715.

 

Très généralement la recherche sur les BRENTANO est extrêmement longue et confuse, on tourne toujours autour des mêmes prénoms et ce ne sont que quelques uns qui sont désignés par les surnoms si utiles. Souvent il y a, à la même date et au même endroit, deux couples de parents avec les mêmes prénoms et dont certains enfants reçoivent les mêmes noms de baptême. Une analyse systématique est possible par la collecte de tous les rameaux et porteurs du nom, puis par l’inventaire de toutes les circonstances qui permettent de séparer, raccorder et classer. Tout cela sans parler des erreurs dans les registres des paroisses comme dans les actes notariés. On doit penser à ces problèmes surtout ceux qui considèrent que l’on pourrait remonter aux ancêtres BRENTANO en un tournemain, comme on cueillerait des cerises.

 

Les registres paroissiaux de Tremezzo, au moins jusque vers 1700, sont selon toute apparence issus de copies, et à la vérité incomplets et non exempts d’erreurs. Curieusement quelques actes entre 1625 et 1650 sont enregistrés deux fois et avec un écart de 3 ans 1 mois et 7 jours exactement. par exemple pour la date de décès de Giovanni Antonio Farerolo.

 

Les actes se situant dans la zone germanophone portant sur les BRENTANO et les autres familles du lac de Côme ont été partiellement exploités et l’on pourrait encore révéler de nombreux liens généalogiques.

 

Inévitablement existent toutes les données historiques qui coexistent avec les simples informations sur les noms. Les données sur les familles, les usages, les formes judiciaires, etc. sont subjectives. Nulle part un vieux papier ne nous dit : « chez nous on opère de telle et telle manière ». On ne peut déduire cela que de la masse des documents examinés, et les conclusions sont toujours subjectivement influençables. Pour cela nous terminons en disant « l’erreur est humaine » , cela vaut aussi pour les travaux généalogiques.