Préambule à l’ Histoire des SADOUL

 

                                                       Généralités

 

                                                     Jean Baptiste SADOUL

 

Juillet 1942 GORGES SADOUL ÉCRIT A JEAN Sadoul DE L’ESTRECHURE 

Relation d’un voyage  de Jean Sadoul A L’ ESTRECHURE Août 1962

 

                                                    UNE FAMILLE méridionale en Alsace du NordSi nous avons à ce jour (30 Mars 1980) quelques clartés sur nos ancêtres, nous le devons à Charles SADOUL (Raon l' Étape 1872- Nancy 1930) qui a eu le mérite fondamental de rassembler les documents essentiels (actes de l'état civil, pièces notariées, correspondance).

 

Ses multiples activités et sa fin prématurée l'ont empêché de les utiliser avec le talent et la personnalité qui le caractérisaient. C'est son frère, Louis, (Raon l'Étape 1870- Nancy 1937) qui s'est chargé de dépouiller ces archives, travail de longue haleine, méritoire et point toujours facile. Il en a tiré un résumé de (92 pages dactylographiées concernant les 4 premières générations qui s'échelonnent avec certaines lignes collatérales de 1719 à 1845. Au cours de l'été 1951, Georges (Nancy 1904- Paris 1967) reprit le dossier avec la méthode et l'expérience de l'historien. Il renouvela certains aspects et, en 1979, le Doyen Georges LIVET de la Faculté des Lettres de Strasbourg, Mr et Mme Théodore LANG Bibliothécaires retraités de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg ainsi que Mr. J.L.  VONAU Président du Cercle d'Histoire de l'Alsace du Nord, apportèrent sur plusieurs points des précisions importantes...

Un demi siècle s'est écoulé depuis la première rédaction; il semble nécessaire de songer à une seconde édition. Le Temps qui change les perspectives et la personnalité de l'auteur ne sont pas sans influence sur l'interprétation du passé... Nous ne pouvons en donner meilleure preuve que les trois jugements suivants portés sur leur ancêtre Jean Louis Martin SADOUL (Strasbourg 1762 Wissembourg 1845) par trois de ses arrières petits enfants :

 

"Il mourut en retraité à Wissembourg en 1845 ne laissant aucune fortune. C'était parait-il, un homme

 assez imprévoyant et qui laissa une réputation de gastronome émérite. Au moins, en ce qui concerne mon

 grand-père, les devoirs de la paternité ne le gênaient pas car ce dernier fut élevé par ses oncles Noël et Spitz".

 

Dr. Louis SADOUL ( Wœrth 1860 -Toulouse 1912)

 

"... Ah, mes enfants, il nous faudrait aller à Sélestat..

-Eh pourquoi donc, Tante Marie ..

-Pour aller voir une maison, celle de l'arrière grand-père...-Qu'a-t-elle de particulier ?

-Sa cheminée, c'est par là que toute la fortune des SADOUL s'est envolée...

 

Marie SEROT née SADOUL (Wœrth 1863- Molsheim 1952)

 

"Je crois qu'on peut hardiment dire: Le Président SADOUL fut un fort brave homme »

Président Louis Sadoul ( Raon L’ Étape- Nancy 1937)

 

tenter de faire revivre ceux qui nous ont précédés est une entreprise délicate, comme on le voit. Nul doute que nos descendants n'aient à leur tour des réactions fort différentes lorsqu'ils se livreront à la même tâche..

Au reste, pour conclure ce préambule, n'est-il pas bon de citer cette définition quelque peu désabusée de RENAN: '.L' Histoire, petite science conjecturale..."

 

 

                                                   GÉNÉRALITÉS

 

Avant d'aborder la présentation de nos ancêtres: FULCRAN, CLAUDE, JEAN BAPTISTE et JEAN LOUIS MARTIN, il est bon que je précise un certain nombre de points

Je n'ai, ni le goût, ni l'expérience du maniement des dossiers historiques j'ai donc fait confiance au travail du Président SADOUL (1870-1937) et à celui de son neveu, Georges SADOUL (1904-1967) rompu aux méthodes de cette discipline dont fait preuve sa monumentale Histoire du Cinéma.

Il va sans dire que je garde la liberté d'apprécier les faits et leur enchaînement. De plus, j'ai bénéficié de l'expérience fort précieuse de différents spécialistes qui ont éclairé certains aspects demeurés obscurs jusqu'en 1979. Le moment venu, préciserai ces références.

En ce qui concerne notre nom et l'origine géographique de notre famille, voici ce que nous savons :

Si l’on se rapporte aux définitions données par Frédéric MISTRAL dictionnaire Provençal-français et à celui d'Albert DAUZAT: "Les noms de France" tous deux sont unanimes: il s'agit bien d'un patronyme ou nom dedans son famille de famille

méridional.

J’ai longtemps habité le Lot, pays dont le patois relève de langue d’oc, le sens propre de SADOUL est

"pris de vin, saoul ‘ ; il y a aussi un sens figuré, naturellement moins brutal, plus plaisant « qui est bien pourvu » mais le premier de loin le plus usité.

 

 Nous sommes d'origine méridionale, ce que confirment notre nom et certains aspects du caractère qui survivent après 3 siècles de séjour dans l.' Est . Mais nous en sommes réduits aux conjectures sur la région: est-ce le Sud-ouest, le Languedoc ou la Provence ? Nul fait jusqu’ici ne le prouve.

Les familles bourgeoises s'attribuaient assez facilement au XVIIIème Siècle des armes. Je possède un cachet visiblement ancien, légué par les générations qui m’ont précédé; il a des armes semblables à celle d'un parchemin au nom d’un Pierre SADOUL, avocat à Castelnau-Montratier (Lot), dont mon père, le Dr. Louis SADOUL (1860-1912), avait obtenu la reproduction d'un généalogiste C'est le seul point commun que nous ayons avec ce Pierre SADOUL dont nous ne savons rien par ailleurs.

Le Président SADOUL signale à la page 3 de son Histoire des SADOUL: " : M. PARIS -La Table du d’Hozier indique

un SADOUL dans cet armorial -Registre Toulouse Montpellier nu 1013 et un SADOUL -Registre de la Rochelle n° 379, mais il ne donne nul renseignement sur la nature de ces armoiries. Étaient-elles semblables ?

L’.aventure vécue par Paul SADOUL (né à Tours en 1918 et Professeur à la Faculté de Médecine de Nancy) est intéressante, elle avait suscité des espoirs, allait on enfin connaître cette origine géographique ? Alors qu'en 1940, il était mobilisé à Beyrouth, un de ses camarades, Gilbert MANEN, futur Pasteur, lui apprend que sa mère née Sadoul descendait d’ un marchand de drap, Joseph SADOUL, natif de St-martin de Corconac  , commune de l’ Estrechure, sur les pentes Nord-est de l'Aigoual dans le Gard ..Ce protestant avait 2 fils et voyant les menaces pesant sur ses coreligionnaires, vendis sa maison en 1673, donc bien avant la révocation de l' Édit de Nantes, pour s'établir marchand de drap à Strasbourg. Or, détail curieux, les armes de cette famille SADOUL sont identiques aux nôtres (Paul Sadoul conteste cette version)

fut convenu qu’ à la fin de la guerre, une tante de Gilbert Mannen , habitant Versailles et détenant les papiers de la famille,

serait dûment interrogée, Hélas dans un bombardement s’envolèrent tous ses espoirs

 

 Ce qui reste n’est pas négligeable, c'est le fait que les MANEN, qu'ils nous soient totalement étrangers ou non,

sont protestants.

Une solide tradition, mais uniquement orale et que rien ne vient appuyer veut que nous soyons d’origine protestante. Pour la génération qui nous a précédés, que ce soit en Alsace, en Lorraine ou parmi les descendants des branches collatérales nul doute à cet égard.

La postérité de Paule SADOUL (Strasbourg 1768-Strasbourg 1824) l'une des filles de Jean-Baptiste (Strasbourg 1732-Strasbourg 1798) qui avait épousé le 21 Avril 1791 le Médecin militaire Pierre COZE, plus tard Doyen de la Faculté de Médecine de Strasbourg, comptait au début du XXème Siècle deux magistrats célibataires,

M.M FURST et TROMBERT : ces derniers avaient également la même conviction.

Telle est la réalité aussi tenace que dénuée de preuve. Le Président SADOUL ajoute qu'à cette tradition s'en ajoute une autre concernant l'origine géographique : Les SADOUL auraient habité Nîmes, cependant l'archiviste de cette ville lui avait écrit qu'il n'y avait pas de SADOUL parmi les familles protestantes de Nîmes... Là aussi c'est la nuit.

 

 

Par contre, nous avons pu éclaircir les définitions latine concernant les fonctions de nos deux premiers ancêtres FULCRAN et CLAUDE, et peut être le terme "de parisiensis". C'est grâce à Madame T. LANG, Bibliothécaire retraitée de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg que nous sommes maintenant sûrs qu'ils sont l'un et l'autre, fonctionnaires royaux, dépendant de l'Intendant d'Alsace.

 

   FULCRAN était Garde des Magasins du Roi (denrées alimentaires, fourrages, peut être pour les besoins de l'Armée) et Garde des effets du Roi, c'est-à-dire des biens saisis dans un but fiscal.

 

   De plus, le Doyen Georges LIVET nous a précisé que l'Intendant, personnage tout puissant, "Le Roi présent en la province" avait coutume d'arriver à son poste avec son équipe au complet, il semble qu'il devait la recruter soit à Paris, soit à Versailles. Nous savons en outre que le patron de FULCRAN, N.P. d'ANGEVILLIERS, avait été de 1705 à 1715 Intendant du Dauphiné et les Archives départementales de l'Isère nous ont confirmé qu'au cours de. cette période

 il n’y a  nulle trace de FULCRAN en Dauphiné. On peut donc penser qu'il serait arrivé avec d'ANGEVILLIERS aux environs de 1715 et l'expression de parisiensis s'explique. si cette hypothèse est vraisemblable, rien ne prouve Jusqu'à maintenant qu'elle soit certaine.

 

    Le Président SADOUL regrette que le dossier soit surtout composé de pièces d'état civil ou officielles, qui ne permettent

guère de se faire une idée du caractère et de la personnalité de nos premiers ancêtres. Il déplore justement l'absence de correspondance qui pourrait nous éclairer plus valablement. Il a certes raison mais quelle impudence de reprocher à nos quatre premiers ancêtres leur imprévoyance, les jugements collectifs ont bien des chances d'être inexacts caractères et circonstances sont souvent fort différents; les évènements vécus

par Jean Baptiste (Strasbourg 1732-1798) et son fils Jean Louis MARTIN (Strasbourg 1762-Wissembourg 1845) n'ont rien de commun avec la période qu'ont connue FULCRAN et CLAUDE de 1718 à 1767 et bien que nos renseignements soient moins nombreux qu nous pourrions le souhaiter il est fort instructif de les voir réagir. Si l'un d 4 mérite le reproche d'imprévoyance c'est justement celui que le Président SADOUL exempte de ce défaut !...

 

   C’est en étudiant ce que les documents nous apprennent que nous pourrons au fil du récit mieux cerner les  traits distinctifs

de nos ancêtres.

   Parmi les généralités nécessaires à la clarté du récit je précise que je me conformerai dans ses grandes lignes au plan suivi par le Président SADOUL (1870-1937) : il consacre un chapitre distinct à chacun des 4 ascendants cités plus  haut et

ensuite aux branches collatérales.

il y a  lieu de souligner que les branches collatérales entre 1718 et 1811 date de naissance de Victor SADOUL (Spire 1811 Raon L’ Étape 1891) dernier fils de Jean Louis MARTIN ne semblent pas avoir eu de postérité masculine prolongée ce qui; à première vue, paraît étonnant lorsqu'on sait que Claude SADOUL a eu 19 enfants et son fils Jean Baptiste 16. Mais rappelons qu’au  XVIIIème siècle la mortalité infantile était très élevée.

 

Voici comment s’articule l’histoire des SADOUL entre 1718-1845 :

 

 1718-1723FULCRAN

 

 17..-1767      CLAUDE

1732-1798    Jean Baptiste

                      Les BRENTANO(belle famille de Jean Baptiste)

.

 

1762-1845     Jean Louis Martin

                      Famille SPITZ RICHARD

.                    Enfants de Jean Louis Martin

 

        Ce qui représente 9 chapitres

 

                                     JEAN BAPTISTE SADOUL

                                       Par Jean Sadoul en 1980

le 30janvier 1732 à Strasbourg

 

En 1742 il provoque un incident à la table familiale:il se tient les bras en croix et pour justifier sa position dit à son

père ,:~~:c'est ainsi que le Christ est mort","et flagellé" répli­que son père Claude en lui allongeant deux soufflets.

Entre 1749 et 1752,de 17 à 20 ans il est étudiant en philo­sophie et en droit à l'université de Strasbourg.

En 1753 il est premier Secrétaire à l'ambassade de France à Varsovie.

Il appartient à la diplomatie:secrète de Louis XV appelée le secret du Roi, et dirigée par le comte de Broglie. Sous le titre

"un descendant de BROGLIE ",un livre très intéressant sur ce sujet a été publié par un membre de cette famille.

Au ministère des affaires étrangères on trouve trace de Jean Baptiste Sadoul dans une lettre chiffrée du 18 décembre 1756 envoyée par monsieur Durand, ambassadeur de France en Pologne de 1754 à 1756 : "monsieur Sadoul est arrivé le 15. Il a eu beaucoup à souffrir de sa route, ce qu' i:t:: est bon que monsieur de l'Hôpital n'ignore pas pour éviter de s"en gager dans les montagnes de Hongrie. " Le président Sadoul suppose qu'il s'agit des Carpates...à moins que ce ne soit le nord de la chaîne des Alpes.

ffi comte de Broglie succéda à monsieur Durand en 1756.L'actuel comte de Broglie a des archives personnelles sur "le secret du Roi Il se pourrait qu'on y trouve des renseignements sur J.B. Sadoul. Charles Sadoul avait commencé à se mettre en rapport avec un duc d Broglie par l'intermédiaire du comte d'Alsace, sénateur des Vosges Il a abandonné ces recherches.

En 1757 ,âgé de 25 ans, Louis XV lui demande de rejoindre le comte de Broglie comme aide de camp. ll participe aux premières batailles de la malheureuse guerre de 7 ans. Il obtient un brevet de  cornette en 1758 dans le régiment des carabiniers de Monsieur, corps aristocratique, dans la brigade de Saint André .Il a,26 ans.

L'armée française, commandée par le comte de Clermont fut battue à Crefeld :les carabiniers chargèrent. Leur chef le comte de Gisors fut tué ainsi que 13 officiers,43 autres furent blessés.

Le régiment des carabiniers avait une organisation particulière . Chacune de ses cinq brigades comprenant deux escadrons, était commandée par un officier général.

Créé le I° novembre 1693 le régiment des carabiniers avait été commandé jusqu'au 10 octobre 1755 par le duc de Dombres, fils du duc du Maine, petit fils de L ouis XIV et de madame de Montespan. Le 13 mars 1758 Louis XV nomma maistre de camp des carabiniers son propre petit fils, le comte de Provence, futur Charles X ,alors âgé d'un an .

Jean Baptiste Sadoul cantonne pendant l'hiver à Francfort sur le Main. ll y fait la connaissance de Marie Thérèse Paule Brentano, fille d'une opulente famille de banquiers originaires de la région de Côme .il l'épouse le 23 janvier 1759.Il n'a pas encore 27 ans. La mariée ,née le 15 octobre 1728 avait 31 ans et lui donna 16 enfants dont huit vivaient en1792.

Il décide de s'établir honnêtement et solidement.l1 quitte l'armée et s'installe à Strasbourg.

 

 

Le voilà à 28 ans en 1760 ,juge de la Connétablie et directeur du bureau contentieux et forestier de l' Intendance d'Alsace.

        En 1765 et 1766 ,à l'âge de 33 et 34 ans il est élu comme son père , Claude, Sénateur au grand sénat de Strasbourg ,par la tribu des Fribourgeois. ll est secrétaire de l'Intendance d'Alsace et assesseur de la Maréchaussée.

C'est en 1768 ,à 36 ans ,qu'il achète l'office de Juge dans les bailliages de Seltz, Hagenbach et Guttemberg, appartenant au duc de Deux-Ponts. ll les paya 49.500 livres. Comme il a été dit plus haut ,l'Alsace était divisée en un très grand:: nombre de souverainetés diverses qui durèrent jusqu'au début de la révolution.

 

En 1770 la subdélégation de 'l'Alsace à Wissembourg s'ajoute à ses activités et il s'installe dans cette ville.

Jean Baptiste Sadoul est riche ,très riche même. Jusqu'en 1789,avec

ses offices il jouit d'un revenu de 12.000 livres auxquelles s'ajoutent les intérêts que lui apportent la dot de sa femme, c'est à dire 7.500 livres. ll faudrait encore ajouter 2.000 livres qu'il persista à recevoir

de la cassette royale pour ses services en Pologne.                                                            .

C'est peut être en 1768 que Louis XV fit proposer .à Jean Baptiste 2 missions secrètes en Angleterre, l'une pour retirer des mains du che­valier d'Éon une correspondance compromettante, l'autre pour faire taire un auteur de libelles qui salissaient la Du Barry. .D'après les papiers laissés par Jean Baptiste il les a refusées et il semble que ce soit Beaumarchais qui l'ait remplacé.1l déclare avec modestie que ce dernier s'en est tiré beaucoup mieux que lui n'aurait pu le faire. Mais il précise aussitôt que son refus l'avait privé de la rente annuelle payée sur la cassette personnelle de son souverain... et de sa protection. cette dernière assertion n'est nullement confirmée parles faits:

18 ans plus tard, le 27 septembre 1786 ,sa femme meurt à Wissembourg . Jean Baptiste avait 54. ans .

Deux ans plus tard ,le 23 octobre 1788 il se remarie à Sélestat avec Antoinette, Claire ,Françoise Mourch, âgée de 29 ans. Le père de la 2° madame Sadoul était ancien médecin du roi et chirurgien major à Sélestat. Au terme du contrat de mariage reçu par le notaire Rumpler chacun des époux conservera ses biens propres dont l'inventaire sera fait. Les apports ne sont pas indiqués.

Aussitôt après la mort de sa première femme ,Jean Baptiste avait résolu de céder sa charge de ~rand Bailli à son fils ,Jean Louis Martin.

(Louis de son prénom habituel).Les 13 décembre 1786 et 4 janvier 1787 le comte Palatin du Rhin et son frère le prince Palatin de Deux-Ponts  confirment cette transmission avec charges, avantages et prérogatives. Le 8 février 1787 la cour souveraine d'Alsace entérine la nomination du nouveau bailli, Jean Louis Martin Sadoul.

Voilà donc à la veille de la révolution Jean Baptiste terminant une carrière brillante:ses fonctions lui permettaient d'accéder à la noblesse de robe;sa personnalité déborde 'largement le cadre local;il jouit d'une très large aisance, bref il est le type même du privilégié.

En transmettant la plus importante de ses charges à son fils il en fait ,comme lui un privilégié.

En 1788 il se retire avec sa seconde femme à Sélestat.

Un an ,à peine s'écoule :une première loi, celle du 3 novembre 1789 ,arrête l'activité des anciens corps judiciaires. Une deuxième celle du 16 août 1790,les supprime et décide que les magistrats seront élus par le peuple et installés au nom de la nation.

En 1790 il rendit compte à ses enfants, dont plusieurs étaient encore mineurs, de la succession de leur mère. Les biens de cette der­nière étaient déjà entamés Par délicatesse, dit il, en décembre 1790 il abandonne toute la fortune à ses enfants qui, en reconnaissance, s'engagent à lui" verser une pension modique mais suffisante. Mais la chute des assignats ne tarde pas à l'anéantir ainsi que l'indemnité touchée lors de la suppression de ses charges. Le voilà ,comme son père ,Claude, ruiné. Mais lui ,ce sont des évènements considérables qui le dépassent et menacent sa vie et sa liberté ,qui en sont la cause. Un ancien vicaire général défroqué du cardinal de Rohan, Euloge Schneider le poursuit. Jean Baptiste ,tel Diogène va vivre le jour dans un tonneau, enfoui sous des fagots dont il ne sort que la nuit Il I C'est la sœur cadette de sa belle file Marianne(1768-184 qui lui apportait sa nourriture avec les précautions que l'on imagine Marguerite Françoise Spitz était née le 13 novembre 1771 à Epfig(?)

Elle épousera le docteur Noël qui devint doyen de la faculté de médecine de Strasbourg ou il mourut le 29 juin 1809.Elle même ne mourut que le II mai 1860 âgée de 89 ans. Elle avait une personnalité aussi originale que généreuse. Elle manifesta une affection particulière pour son neveu Victor Sadoul(1811-1891) ,le dernier fils de Jean Louis Martin, auteur de la branche lorraine. Elle lui raconta un jour qu'un voisin de diligence lui avait pincé le mollet, et le neveu de répondre :’il devait faire bien nuit ma tante’ .Les miniatures qu'elle a laissées ne contredisent pas ce jugement

Des amis finiront par faire savoir à Jean Baptiste que son en­nemi Euloge Schneider a cessé d'être dangereux. Robespierre l'a con­voqué à Paris pour lui faire rendre compte de ses exactions et l'a guillotiné. De toutes façons cet évènement capital de la vie de Jean Baptiste a probablement précédé la fin du dictateur qui eut liel le27 juillet 1794 ,sans que nous possédions d'autres précisions.

Pour le rassurer des amis lui envoyèrent deux gendarmes lui annonce la mort de Robespierre. Dans sa joie ,Marguerite Françoise Spitz dont la sévère économie sera bien connue de toute la famille n'hésite pas a généreusement doter chacun des émissaires d'une bonne bouteille.

Cet épisode a été notée dans les mémoires du docteur Louis Sadoul, à la suite d'une tradition familiale.

Nous ignorons à quelle date Jean Baptiste adressa à la Convention une supplique courte mais pathétique et fort habile.1l commence en disant :!I du pain, du pain pour un père de famille qui a eu 18 enfants et à qui il en reste 8.Du pain pour un citoyen qui, depuis 40 ans , sert sa Patrie !I Puis il résume sa vie passée et sollicite un emploi

qu'il justifie grâce à l'expérience qu'il a acquise' au cours d'une existence consacrée au service de la nation Il expose que la suppression de sa charge, la perte sur les assignats ,l'ont mis dans la plus grande détresse et qu'il est au moment d'être poursuivi et peut être emprisonné par ses créanciers .(La prison pour dettes civiles existait toujours) Il a fait ,continue t’il ces sacrifices sans murmurer. Il avait appris que les révolutions ne se faisaient point avec du sucre. Constamment attaché à sa Patrie ,il n'a écouté que la loi Il lui a obéi et là ou elle manquait son patriotisme lui a servi de guide .Il l'a empêché d'errer. Ces services ,ces sacrifices les moyens qui lui restent ,peuvent être utiles à sa Patrie;doivent lui assurer du pain et il veut le mériter par son application, son zèle et son travail. Jean Baptiste conclut en demandant à être nommé commissaire des guerres ou commissaire du pouvoir exécutif. Ceux qui occupent ces emplois, dit il, ne connaissent ni les localités, ni les personnes, ni leurs mœurs, ni leurs opinions. Ils trompent et les législateurs et les administrateurs parce qu'ils sont trompés eux-mêmes et il en résulte des désordres, des gaspillages, un manque de services qui ne peut tourner qu'à la perte de la chose publique. Sans doute il ne remplit pas les conditions fixées par un récent décret pour obtenir ces postes mais lui qui a été officier de cavalerie, secrétaire d'intendance et sub-délégué est très capable

de les remplir. En fait il les a déjà exercées.

 

 

 

 

 

Une famille méridionale en Alsace du Nord

Par Jean Sadoul

 

 

Les traités de Westphalie (1648) ont valu à un certain nombre de fonctionnaires d’être attirés en Alsace par les situations que la Monarchie offrait dans la nouvelle organisation de la province.

 

Le cas des SADOUL permettra de suivre de 1718 à la fin du XXème siècle l’évolution d’une famille étrangère à la province qui réside d’abord à Strasbourg, de la gagne Wissembourg, pâtit des secousses de la Révolution mais évite le le naufrage définitif et profitant des extensions territoriales de l’ Empire s’établit tant qu’il existe dans le département du Mont Tonnerre pour finalement revenir à Wissembourg en passant par Sélestat et se fixer en dernier lieu dans le pays d’ Outre-forêt à Wœrth.

 

Voici le destin divers de neuf générations s’échelonnant au cours de 260 ans. Qu’il s’agisse d’ Albert Dauzat dans son dictionnaire : « les noms de famille de France » ou de Frédéric Mistral dans son traité provençal – français, ils signalent l’un et l’autre que SADOUL est bien un patronyme méridional.

 

Nous n’en savons pas plus sinon que les actes concernant les deux premières générations accolent le terme de parisis ou parisiensis – aussi peut-on supposer que le premier connu jusqu’ici, Fulcran, fonctionnaire dépendant directement de l’ Intendant, ait pu arriver à Strasbourg venant de Paris avec son chef : N.P. D’Angevilliers, usage fréquent au XVIIIème siècle

nota .( 1728 un D'Angevilliers est nommé secrétaire d'État à la guerre (son fils??s, sera condamné à mort sous la révolution en 1793??  Condamnation-du Comte-Charles-François-de-Flahaut-de-la Billarderie.htm

devant comte d'Angevilliers, intendant des bâtiments de  civile, condamné à mort, le 10 mai 11793 précédent, par le tribunal criminel du département du Pas-de-Calais, pour introduction de faux assignats en France ;)

Le prénom de Fulcran est méridional, c’est celui du plus célèbre des évêques de Lodève, mort au début du XIème siècle. Fulcran apparaît pour la première fois sur le registre des baptêmes de la paroisse St Louis de Strasbourg le 12 Septembre 1718 puis le 4 Octobre 1719 à l’occasion d’une autre naissance, celle de Frédéric dont le parrain est un comte de Frets et la marraine la femme de l’intendant lui-même, née Marie Anne de Maupéou. Fulcran avait épousé Madeleine LAMBERT, il meut en 1723 et il est enterré dans sa paroisse, l’église St Louis.

 

Son fils, Claude, qui a semble-t-il alors un peu plus d’une vingtaine d’années, aura au début la même situation que celle de son père – comme lui d’abord commissaire du Roi, puis garde des armements du Roi, en 1745 il est garde des fourrages et fournisseur des armées, notamment des lits militaires ; à ces activités de fonctionnaire de l’Intendance, il en ajoute d’autres : avec des associés il a une manufacture de toiles pour voiles ; entre temps il est élu au Grand Sénat de Strasbourg par la tribu des Fribourgeois, le voilà Sénateur, titre envié qu’il obtient en 1757 et 1758. Le Conseil Souverain d’Alsace l’autorise en 1766 à fabriquer des ustensiles de fer battu à Illkirch – S’il a réussi ………………….

……………...manque une ligne bas de première page……………….

Commerce et l’industrie toute nouvelle du fer battu lui valent de graves déboires : le 30 Août 1767, il meut ruiné. Il avait épousé le 22 Novembre 1729 à Sélestat Anna Julienne Biot. Il est toutefois suffisamment connu pour que le Prêteur royal, administrateur de la Ville au nom du Roi et qui est à ce moment là à Paris, en soit immédiatement averti. Dès son retour Mr de Gayot sollicite de ces « Messieurs du Magistrat » et de la « Chambre d’ Économie » une aide financière pour la veuve qui recevra une pension de 1000 livres ; néanmoins elle vend sa vaisselle d’argent.

 

Si Fulcran avait eu beaucoup d’enfants nous en ignorons le nombre, Claude en eut 19 sur lesquels nous n’avons que très peu d’indications. Rappelons qu’à cette époque la mortalité infantile était très élevée.

 

Il semble que la situation de Calude et les facilités intellectuelles de son fils Jean Baptiste permettent à ce dernier des études supérieures. Il est étudiant en philosophie puis en droit à l’Université de Strasbourg de 1749 à 1752 entre 17 et 20 ans. Nous le retrouvons à 21 ans premier secrétaire à l’ambassade de France près la République et le Roi de Pologne. Il a la confiance de Louis XV qui entretenait à l’insu du Ministère une correspondance secrète avec l’ambassadeur. Il touche sur la cassette du Roi une pension annuelle de 2000 livres. En 1757 il reçoit l’ordre d’aller à l’Armée comme aide de camp du Comte de Broglie – Âgé de 26 ans, un an plus tard en 1758 il obtient un brevet de Cornette (ou corvette) ? dans le régiment des Carabiniers de Monsieur et il participe aux premières batailles de la désastreuse guerre de Sept Ans. Il cantonne pendant l’hiver à Francfort et là fait la connaissance de Marie Thérèse Paule Brentano appartenant à une opulente famille de banquiers ; il l’épouse le 23 Janvier 1759 et en eut 16 enfants dont 8 vivaient en 1792. Il abandonne l’ Armée et s’établit à Strasbourg. Dès 1760, il est juge de la Connétablie et dirige le bureau contentieux et forestier de l’ Intendance d’Alsace. En 1765 et 1766 à l’âge de 33 et 34 ans il est secrétaire de l’ Intendance d’ Alsace et assesseur à la Maréchaussée.

 

En 1768 il achète l’office de Juge dans les bailliages de la Basse Alsace appartenant au Duc de Deux Ponts, à Seltz, Hagenbach et Gouttembert.

 

En 1770 il y ajoute la subdélégation de l’ Intendance d’ Alsace à Wissembourg où il s’établit. C’est peut être en 1768 que Louis XV lui fit proposer deux missions secrètes en Angleterre, l’une pour retirer des mains du chevalier d’ Éon une correspondance compromettante, l’autre pour arrêter la publication de libellés injurieux contre la du Barry.

 

Jean Baptiste les refuse et perd, dit-il, gratification et protection. Le 27 Août 1786 il devient veuf à 54 ans, il cède alors sa charge de Grand bailli de Seltz et d’ Hagenbach à son fils Jean Louis Martin avec l’accord naturellement du duc de Deux Ponts. Il est intéressant de constater que mes 12 et 15 Janvier 1788 le Conseil Souverain d’ Alsace qui reçoit ses directives de Versailles avalise cette transmission ; ces bailliages frontaliers faisaient partie des fiefs contestés par le St Empire en dépit des traités de 1648.

 

Ni Louis XIV, ni ses successeurs n’avaient admis ces contestations, aussi surveillaient-ils de près le choix des fonctionnaires qui administraient ces territoires où se rendait la justice, ce ne pouvait être que des gens sûrs dont on connaissait exactement l’appartenance et les qualités.

 

Voilà donc à la veille de la Révolution Jean Baptiste terminant une carrière brillante : ses fonctions lui permettraient d’accéder à la noblesse de robe, sa personnalité déborde largement le cadre local, il jouit en outre d’une très large aisance, bref il est le type même du privilégié et en transmettant les plus importantes de ses charges à son fils il en fait comme lui un second privilégié. Veuf depuis deux ans il se remarie le 25 Octobre 1788 avec Françoise Mourch âgée de 29 ans, fille d’un ancien médecin du Roi et se retire avec elle à Sélestat.

 

Un an à peine s’écoule, une première loi, celle du 3 Novembre 1789 arrête l’activité des anciens corps judiciaires, une seconde celle du 16 Août 1790 les supprime et décide que les magistrats seront élus par le peuple et installés au nom de la Nation.

 

En décembre 1790 il partage ses biens entre ses enfants qui lui servent une pension mais la chute des assignats ne tarde pas à l’anéantir ainsi que l’indemnité touchée lors de la suppression de ses charges.

 

Le voilà comme son père Claude ruiné, mais lui par des évènements considérables qui le dépassent et menacent sa liberté et sa vie. Un ancien vicaire général, défroqué, Euloge Schneider le poursuit et Jean Baptiste, tel Diogène va vivre le jour dans un tonneau, enfoui sous des fagots dont il ne sort que la nuit… Des amis finiront par lui faire savoir que son ennemi a cessé d’être dangereux : Schneider a dû aller s’expliquer à Paris où il sera lui même guillotiné – c’est probablement au cours de cette trouble période qu’il adresse à la Convention une supplique courte mais pathétique et fort habile : il résume sa vie passée et sollicite l’emploi de Commissaire des Guerres ou de Commissaire du pouvoir exécutif ce qu’il justifie grâce à l’expérience qu’il a acquise au cours d’une existence consacrée au service de la Nation.

 

Le comble est qu’il soit partiellement entendu puisque avant même la fin de la Terreur, il est nommé chef de bureau au département du Bas-Rhin ; il l’était déjà en Avril 1794.

 

Le 22 Août 1795 une nouvelle réforme judiciaire permit à Jean Baptiste d’être élu Juge au Tribunal Civil et Criminel du Bas Rhin, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort le 19 Novembre 1798 à Strasbourg.

 

Avec Jean Louis Martin nous arrivons à la 4ème génération. Comme son père il a été étudiant mais seulement en Droit à l’Université de Strasbourg entre 1781 et 1783. En 1784 il prête serment d’avocat devant la 1ère Chambre du Conseil Souverain d’Alsace à Colmar.

 

Le 13 Décembre 1786, Charles II, Comte palatin du Rhin, duc de Bavière, Juliers, Clèves et Berg, le nomme coadjuteur de son père avec future succession dans ses charges ; le 4 janvier 1787, Maximilien Joseph, Prince Palatin de Deux Ponts, frère de Charles II donne son accord et huit jours plus tard notre Jean Louis Martin, dûment assuré de ses titres de Bailli, épouse le 1er Janvier à Lauterbourg Marie Anne Spitz, fille du bailli de cette cité où elle était née le 19 Décembre 1768. Il faut souligner que le marié est le premier des SADOUL qui épouse une Alsacienne. Jusque là que ce soit en ligne directe ou chez les collatéraux les pièces d’état civil n’ont livré que

 des patronymes français ou italiens… Le père et le grand père paternel de la mariée sont originaire d’ Epfig et sa mère,

 Marie Anne Richard, une FRICS, sa famille habite Epfig et Sélestat

  Un an plus tarde en 1788 Jean Louis Martin remplace son père comme subdélégué de l’intendance d’ Alsace  et le

premier  Septembre 1789, le duc des deux ponts Charles II, l’institue dans ces fonctions de grand bailli.

  Il a 27 ans et tout ce qu’il pouvait souhaiter. Ce privilégié ne va pas les rester longtemps : les lois du 3 XI 1789

mettent d’abord en vacances les anciens corps judiciaires puis les suppriment.

  La chute des assignats achève la ruine du fils comme elle avait causé celle du père, mais moins heureux que lui

et sans que nous ayons plus de détails nous savons qu’il est déclaré suspect, comme tel il est finalement incarcéré

 alors qu’un brillant avenir s’ouvrait devant lui le voilà qui sombre dans les geôle de la révolution , antichambre

de la guillotine .. comment arrive-t-il à s’en sortir ? nous l’ignorons mais avant même la fin de la terreur , dès

avril 1794, l’acte de naissance de sa fille nous apprend que non seulement il a sauvé sa tête en retrouvant la liberté

mais qui plus et le voilà Secrétaire en chef de l’administration du district de Sarre-Union . En 1795 il est élu électeur

 du collège électoral du Bas-Rhin, mais lors du coup d’état du 18 fructidor an V (4/sept/1797) les élections qui lui ont

 valu ce poste sont annulées et Jean Louis Martin décide de s’établir à Mayence.

            Il y trouve un protecteur en la personne du commissaire Général Jean Joseph Marquis plus tard préfet de la

 Meurthe .qui l’attache comme défenseur officieux( le titre d’avocat supprimé par la Révolution ne sera rétabli qu’en

1810) Il a conservé cette activité jusqu’au consulat, c’est à dire Mai 1800. A cette date le nouveau commissaire général le nomme administrateur du département du Mont Tonnerre dont le chef lieu est Mayence. Quelques

 semaines plus tard Bonaparte crée les sous-préfectures et le voilà Sous-Préfet de Spire. Le 30 Juillet 1802 il est

 nommé à Pontarlier ; il donne alors sa démission et il expliquera en 1814 que sa situation familiale et matérielle

ne lui permettait pas ce déplacement ; il demeure à Spire comme avoué-avocat jusqu’au traité de Paris du 30 mai 1714

qui restitue Spire à la Bavière. Il s’installe alors à Wissembourg comme avoué et fait des démarches auprès des Ministères de la Justice et de l’ Intérieur pour obtenir un poste  soit dans la magistrature soit dans l’ Administration

 .Les cent jours retardent le résultat les résultats de ses tentatives et il lui faudra patienter jusqu’au 25 septembre 1816

pour obtenir une réponse favorable et apprendre qu’il est nommé procureur du Roi à Sélestat ; encore ne prendra-t-il

ses  fonctions que le 29 mai 1817à l’âge de 55 ans. Dix ans plus tard il deviendra Président du Tribunal et le restera jusqu’au 5 Octobre 1841. C’est à 79 ans qu’il prend sa retraite ; Veuf depuis 6 ans, il se retire chez sa fille aînée à

Wissembourg où il meurt le 1er Juin 1845. Suivant son désir il est enterré auprès de sa femme à Sélestat .

 

Si Fulcran et Claude ont su habilement tirer parti de certaines circonstances, Jean Baptiste et  son fils ont eu à faire

 face au plus grave des périls ce dernier n’avait pas la ????…  de son père et paraissait quasi perdu. Nous savons

comment Jean Baptiste a sauvé sa tête mais nous ignorons tout des heures

 tragiques vécues par son fils… Plus tard ses enfants l’interrogeront. Il répondra invariablement : « je me porte

bien… »

A la différence de ses aïeux il n’a eu que trois fils et deux filles mais qui tous survivront et longuement.

Des premiers la postérité de l’aîné est éteinte, celle du cadet a toujours des attaches alsaciennes et le benjamin

 Victor est l’auteur de la branche lorraine.

Il n’avait que deux ans lorsque ses parents partent pour Mayence. Il va être pris en charge par une sœur cadette de sa mère dont le mari, le Dr Joseph Noël fut une figure marquante de la Faculté de Médecine de Strasbourg. Joseph Spitz, également un oncle maternel et sa femme s’occupèrent aussi de lui. C’est à Strasbourg qu’il fait toutes ses études et soutient en 1817 sa thèse sur les anévrismes du cœur. Il l’a dédie à la mémoire de son oncle, décédé 9 ans plus tôt et à sa tante dont l’originalité et la verve eurent une longue résonance bien au delà de sa disparition en 1860. Médecin cantonal de Wœrth à partir de 1819, il épouse deux ans plus tard Victorine Geynet dont la mère Anne Rosalie Le Bel était la fille d’ Antoine Le Bel, fondateur de Pechelbronn.

 

Il ne tarda pas à s’installer avec sa femme dans l’aile ouest du château primitivement acheté par ses beaux parents.

 

Le canton comptait alors 21 communes reliées entre elles moins par des routes que par des chemins, souvent fort dégradés. Le médecin obligé d’y circuler à toute heure et en toute saison avait toujours sans sa voiture des fagots. Lorsqu’un trou un peu profond se présentait le cocher les y jetait, faisait passer la voiture et les rechargeait.

 

Le docteur Louis SADOUL devait autant à son caractère qu’à sa profession une grande influence qui lui valait de faire les élections du canton sans être lui même électeur, car il ne payait pas un impôt foncier suffisant. En1848, il fut élu conseiller général puis il se présenta à la Législative dans la liste conservatrice ; des amis avaient spontanément mis son nom sur la liste avancée, il se désista mais ce fut surtout cette dernière qui passa.

 

Après le coup d’état du 2 Décembre 1852, le Préfet lui intima l’ordre de retirer sa candidature au Conseil Général menaçant de le révoquer de ses fonctions de médecin cantonal. Il répondit qu’il exigeait des excuses ou l’affirmation que la préfecture avait agi par ordre du Ministre, faute de quoi il se faisait fort d’être élu (il avait 19 maires sur 21 pour lui).

 

Le préfet lui écrivit qu’il avait agi sur ordre supérieur et le Docteur SADOUL satisfait dans son amour propre ne se présenta pas. Il mourut à l’âge de 67 ans ; ce fut son fils, Louis également qui lui succéda.

 

Comme son père il fit ses études médicales à Strasbourg et les paracheva à Paris. Il rencontrait au restaurant le philosophe Proudhon à qui il passait quotidiennement son journal. Revenu à Woerth à la différence de son père il ne fit jamais de politique et refusa d’être même conseiller municipal, mais comme lui, il n’aimait pas les Bonaparte et leur demeure ne fut jamais pavoisée le 15 Août. Voici ce que son fils, médecin comme lui raconte dans ses mémoires : « mon père était très expérimenté, et de plus habile chirurgien ; il était souvent appelé en consultation en dehors des limites du canton. Quelque confrères des environs avaient recours à lui pour opérer leurs clients, notamment le Docteur Anstett de Soultz sous Forêts… étudiant en médecine, je lui ai plusieurs fois servi d’aide pendant les vacances… C’était l’ancienne chirurgie… on ne se lavait jamais les mains avant une opération, à quoi bon puisqu’on allait se les salir quand même ! Comme mon père employait l’acide phénique, il croyait faire de l’antiseptic en en versant quelques gouttes sur la plaie opératoire après les derniers points de suture… et les opérés guérissaient fort bien… »

Le docteur Louis SADOUL avait épousé le 2 Mai 1859 à Strasbourg Anna Valérie Chastelain, fille d’un Maire deStrasbourg. Il en eut deux fils et une fille et mourut à 72 ans le 19 Juin 1894,

 

 

pendant 75 ans le père et le fils ont fait toute leur carrière médicale à Woerth ; si l’un et l’autre ont été longtemps seuls

dans le canton, il a eu aussi des confrères…Lorsque le Docteur Sadoul(1822-1894) tomba malade , il fut suppléé les

derniers mois par le Docteur Martzolf qui lui succéda et exerça concurremment avec le docteur Zimmermann , le

fils de l’ancien pasteur

     LOUIS SADOUL(1860Woerth, Toulouse 1912)

   Né le 16 avril à Woerth, il y fit ses études primaires et y commença même sa formation secondaire, continuée de 1872 à Pâques 1874 à Strasbourg au collège St Etienne, que les Allemands fermèrent à cette date .  Interne avec son

frère d’octobre 1874 à Juillet 1878 au collège de Montbéliard , il fait ses études médicales à Nancy, soutient sa thése

en Mars 1885 et promu le 13 Avril suivant médecin auxiliaire de la marine il embarque le 10 Mai pour Karikal.

 

   c’est la première des huit campagnes qu’il fera, d’abord aux indes, puis à la Réunion , ensuite au Tonkin, à trois

 reprises, deux fois à Madagascar, enfin au Sénégal, leur durée totalise plus de 13 ans sur 23 ans de service.

   Au cours des deux dernières sa cousine, Thérèse Chastelain, qu’il avait épousée en 1898, l’y accompagna. L’aîné de

de leur fils naquit en pleine santé à la frontière de Chine, mais quelques mois plus tard il succomba au climat.

 

   C’est à Toulon qu’il termina sa carrière ; il prit d’abord sa retraite à Antibes puis à Toulouse où il mourut subitement

en Décembre 1912

 

  Esprit observateur et original, il publia outre un ouvrage sur la médecine coloniale, des articles sur les erreurs d’une

politique trop souvent ignorante des réalités lointaines que lui révélait sur place la vie quotidienne tant dans le

Sud-est Asiatique que dans les colonies d’Afrique.

 

   Jean SADOUL (Toulon 1907 ) ( Auteur de ce document)

 

   Son second fils vécut à Strasbourg à partir de la Libération en 1945, adjoint au directeur régional de l’information

, il entra ensuite à Pechelbronn et alors s’installa dans la demeure familiale de Woerth . Il l’habite encore plusieurs

mois par an, et son fils qui y vécut sa toute première enfance y est également très attaché.

 

 

SOURCES et REMERCIEMENTS

  Nous n’aurions rien pu écrire sans le concours des petits fils de Victor Sadoul(1811-1891), l’auteur de la branche

Lorraine ainsi qu’il est indiqué plus haut.

  Nous y avons rajouté la lecture des mémoires du Dr Sadoul(1860-1912)

  Charles Sadoul (1872-1930) avec une persévérance et une méthode rigoureuse a rassemblé une masse de documents, que sa fin prématurée a empêché d’utiliser lui même avec la personnalité et le talent qui le caractérisaient- C’ est son

frère Louis (1870-1937) qui en a tiré un copieux résumé ; nous y avons très largement puisé et il s’est avéré pour nous

indispensable. Le fils de Charles ( Georges Sadoul 1904-1968) apporta sur certains des lumières nouvelles.

  Nous devons également remercier nos amis Mr et Mme T. Lang dont la longue expérience à la bibliothèque

Nationale et Universitaire de Strasbourg a précisé nombres de termes et de faits qui grâce à eux prennent une valeur documentaire précieuse .

  Nous n’aurions garde d’oublier Mr le doyen Georges Live et Mr Jean Vonau, président du cercle d’histoire d’ Alsace

du Nord, dont l’érudition a éclairé des horizons qui nous restaient obscurs.

 

        Juillet 1942 GEORGES SADOUL ÉCRIT A JEAN Sadoul DE L’ESTRECHURE :

      Mon cher Jean nous venons Paulot et moi d’une promenade à pied dans la région de l’Aigoual et de retourner

au  berceau  des Sadoul. Voici pour les archives familiales de l’aîné de la branche aînée les indications recueillies, fournies

pour la plupart par Gilbert Manen actuellement pasteur suffragant a Ales et dont la famille est restée dans le pays.G Manen

a eu vers 1750 une grand mère paternelle Sadoul. La famille Manen possédait des archives vraisemblablement détruites

et pillées en 1940-41 à Versailles

en 1673 un Joseph  Sadoul père de deux fils quittait St martin de Corconac Gard pour s’établir à Strasbourg comme

marchand  de drap.Il était protestant. Pour son départ il vendit sa maison  située a St Martin de Corconac ( actuellement

commune de l’Estrechure et l’acte de vente fut conservé jusqu'à la guerre par les Manen  .On pourrait sans doute en retrouver des traces dans les archives de la commune de l’Estrechure. Ce Joseph Sadoul était protestant et quittait

peut être le pays pour échapper aux persécutions qui préludaient à la révocation de l’édit de Nantes( 1685). En tout cas

les protestants qui quittèrent la région cévenole pou émigrer en Alsace ou en lorraine furent très nombreux à cette époque,

et leurs descendants reviennent en groupe au pèlerinage du « musée du décret » qui a lieu chaque année au début de

 septembre .En tout cas le premier Sadoul dont ai été retrouvé la trace en Alsace est prénommé Fulcran . Le premier pasteur

supplicié après la révocation s’appelait Fulcran Rey exécuté a Nîmes en 1686. Le nom de Fulcran fréquent au XVIIéme

dans la région gardoise s’orthographie aussi Fulcarand . Les armes des Sadoul quasi semblables à celle des Manen

 

Ta chambre te convient-elle Paulot repart demain en zone interdite. Nos hommage ta mère, bien à toi

 

Georges Sadoul, Paulot Gilbert Manen

 

 

 

Relation d’un voyage  de Jean Sadoul A L’ ESTRECHURE Août 1962

 

           Il s’agit d’une lettre à Malon

              

              Ma chère Malon,                                  L’ Esperon 13 Août 1962

je descend de l’ Aigoual où je suis allé voir le lever du soleil ; de cet horizon célèbre parce qu’il réunit les Pyrénées

 la Méditerranée   et les alpes sans  du point culminant du Massif Central le Sancy je n’ai vu que la neige et le Ventoux

 .sans négliger le Mt Lozère…Les Causses et les abîmes que domine  le sommet restent saisissant de grandeurs

Au belvédère il y a toujours le Monsieur parfaitement informé pour expliquer que la semaine dernière la vue était

 complète.. l’espace de ces chaumes est assez vaste  pour qu’une fois le soleil levé on puisse jouir dans une solitude

 intégrale de cette vue immense, du grand air qui vous frappe de sa masse. Étendu sur un herbe lourde, épaisse, plus

 moelleuse qu’un tapis d’orient sans autre écho que le chant des rares oiseaux égarés  dans ces espaces Nul bruit

humain ne monte de ces vallées sauvages , certains versants noirs de sapins, d’autre décharnés le roc à vif cet après midi nous sommes passé à l’ Estrechure en fête, la grande rue pleine de fille et garçons ; cette vitalité contraste avec

la pauvreté du paysage aussi beau qu’indigent

    Point n’est besoin de chercher de grandes causes historiques au départ de Fulcran ; sinon simplement le désir de ne point végéter comme le témoigne l’unique descendant resté fidèle à son terroir. Au bureau de tabac de l’ Estrechure

il m’a été aussitôt indiqué comme le seul Sadoul du pays mais authentique à l’égal d’une appellation contrôlée  ce qui

m’a été   confirmé par un indigène un peu  avant Saumane ‘ il n’y a plus  de Sadoul à l’ Estrechure  il en reste un a

 Saumane , rempailleur et boiteux.

   Effectivement nous l’avons trouvé devant la porte de la maison Sadoul bâtie avec les pierre de schiste du pays.

le tricycle qui lui permet de se déplacer au bas de quelques marches. Il était assis là entre les beaux hortensias,

contrôlant le trafic de la route entre sa femme et sa sœur qui fut de loin la plus loquace

    Je lui doit tout les renseignements que je vous communique.

    Je pense que ces régions n’ont guère été bouleversées depuis les dragonnades, qu’il y a tout lieu de croire que

Fulcran  était Catholique, comme les Sadoul qui sont restés…

on pourrait tenter des recherches, soit dans les registres paroissiaux ou dans les mairies avoisinantes.. peut être le

 concours de l’archiviste départemental serait–il-utile ?

   De nous tous , Georges semble être le moins astreint à une occupation exigeant la fixité.

Voulez vous lui en parler et lui reprocher gentiment de n’avoir pas poussé la grille de Wœrth , il aurait vu Maguy .

   Voilà une minime contribution à la recherche de nos origines. Nous repartons tout à l’heure à travers les Causses

brûlés de soleil, sous un ciel éclatant pour nous baigner dans la fournaise Quercynoise.

    Toujours très fidèlement

      Jean Sadoul

 

PS –j’envoie une carte postale à Georges et à Paulot mais je me charge de transmettre le détail des renseignements

je ne fais pas de ré-édition.

 

Note de Paulot sur cette lettre :

Sur les origines Cévenoles des Sadoul : Pour moi pas certain que ce soit de notre famille le nom est très courant

dans les Cévennes. Je tiens pour l’origine protestante Fulcran est le nom d’un martyr calviniste brûlé à Nîmes

Ales au début du XVIIéme siècle. Je l’écris à Jean Sadoul c 1er octobre 1962

 

Jean Sadoul fait fi d’une tradition familiale assez vague il est vrai selon laquelle nos ancêtres étaient protestants !!??

P Sadoul Décembre1993