Par Jean Sadoul
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Les traités de Westphalie (1648) ont valu à un certain nombre de fonctionnaires dêtre attirés en Alsace par les situations que la Monarchie offrait dans la nouvelle organisation de la province.
nota :
1728, un D'Angevilliers est nommé secrétaire d'État à la guerre ( son fils ? ) il sera condamné à mort sous la révolution en 1793 (?) : Condamnation du Comte Charles-François de Flahaut de la
Billarderie
Rendu le 3 août 1793, en faveur de Charles-François Flahaut, et devant comte d'Angevilliers, intendant des bâtimens de la lifte civile, condamné à mort, le 10 mai précédent, par le tribunal criminel du département du Pas-de-Calais, pour introduction de faux affignays en France.
Fulcran apparaît pour la première fois sur le registre des baptêmes de la paroisse St Louis de Strasbourg le 12 Septembre 1718 puis le 4 Octobre 1719 à loccasion dune autre naissance, celle de Frédéric, dont le parrain est un comte de Frets et la marraine la femme de lintendant lui-même, née Marie Anne de Maupéou. Fulcran avait épousé Madeleine LAMBERT, il meut en 1723 et il est enterré dans sa paroisse, léglise St Louis.
Claude 1701 (ou 02) - 1767 à Strasbourg
Son fils, Claude, qui a, semble-t-il alors, un peu plus dune vingtaine dannées, aura au début la même situation que celle de son père. Comme lui dabord Commissaire du Roi, puis garde des armements du Roi, en 1745 il est garde des fourrages et fournisseur des armées, notamment des lits militaires ; à ces activités de fonctionnaire de lIntendance, il en ajoute dautres : avec des associés il a une manufacture de toiles pour voiles ; entre temps il est élu au Grand Sénat de Strasbourg par la tribu des Fribourgeois, le voilà Sénateur, titre envié quil obtient en 1757 et 1758. Le Conseil Souverain dAlsace lautorise en 1766 à fabriquer des ustensiles de fer battu à Illkirch Sil a réussi comme fonctionnaire du Roi et de la ville de Strasbourg, le commerce et lindustrie toute nouvelle du fer battu lui valent de graves déboires : le 30 Août 1767, il meut ruiné. Il avait épousé le 22 Novembre 1729 à Sélestat Anna Julienne Biot. Il est toutefois suffisamment connu pour que le Prêteur royal, administrateur de la Ville au nom du Roi et qui est à ce moment là à Paris, en soit immédiatement averti. Dès son retour M. de Gayot sollicite de ces « Messieurs du Magistrat » et de la « Chambre d Économie » une aide financière pour la veuve qui recevra une pension de 1000 livres ; néanmoins elle vend sa vaisselle dargent.
Jean-Baptiste 1732-1798 à Strasbourg
Il semble que la situation de Calude et les facilités intellectuelles de son fils Jean Baptiste permettent à ce dernier des études supérieures. Il est étudiant en philosophie puis en droit à lUniversité de Strasbourg de 1749 à 1752 entre 17 et 20 ans. Nous le retrouvons à 21 ans premier secrétaire à lambassade de France près la République et le Roi de Pologne. Il a la confiance de Louis XV qui entretenait à linsu du Ministère une correspondance secrète avec lambassadeur. Il touche sur la cassette du Roi une pension annuelle de 2000 livres. En 1757 il reçoit lordre daller à lArmée comme aide de camp du Comte de Broglie Âgé de 26 ans, un an plus tard en 1758 il obtient un brevet de Cornette (ou corvette ?) dans le régiment des Carabiniers de Monsieur et il participe aux premières batailles de la désastreuse guerre de Sept Ans.
Il cantonne pendant lhiver à Francfort et là fait la connaissance de Marie Thérèse Paule Brentano appartenant à une opulente famille de banquiers ; il lépouse le 23 Janvier 1759 et en eut 16 enfants dont 8 vivaient en 1792.
Il abandonne lArmée et sétablit à Strasbourg. Dès 1760, il est juge de la Connétablie et dirige le bureau contentieux et forestier de lIntendance dAlsace. En 1765 et 1766 à lâge de 33 et 34 ans, il est élu, comme son père, Sénateur par la tribu des Fribourgeois. Le voilà en outre Secrétaire de lIntendance dAlsace et assesseur à la Maréchaussée.
Un ancien vicaire général, défroqué, Euloge Schneider le poursuit et Jean Baptiste, tel Diogène va vivre le jour dans un tonneau, enfoui sous des fagots dont il ne sort que la nuit
Des amis finiront par lui faire savoir que son ennemi a cessé dêtre dangereux : Schneider a dû aller sexpliquer à Paris où il sera lui même guillotiné cest probablement au cours de cette trouble période quil adresse à la Convention une supplique courte mais pathétique et fort habile : il résume sa vie passée et sollicite lemploi de Commissaire des Guerres ou de Commissaire du pouvoir exécutif ce quil justifie grâce à lexpérience quil a acquise au cours dune existence consacrée au service de la Nation.
Jean-Louis Martin 1762 à Strasbourg - 1845 à Wissembourg
Un an plus tard, en 1788 Jean Louis Martin remplace son père comme subdélégué de lintendance dAlsace et le premier Septembre 1789, le duc des deux ponts Charles II, linstitue dans ces fonctions de grand bailli.
Il a 27 ans et tout ce quil pouvait souhaiter. Ce privilégié ne va pas les rester longtemps : les lois du 3 XI 1789 et le 16 VIII 1790 mettent dabord en vacances les anciens corps judiciaires puis les suppriment.
La chute des assignats achève la ruine du fils comme elle avait causé celle du père, mais moins heureux que lui et sans que nous ayons plus de détails nous savons quil est déclaré suspect, comme tel il est finalement incarcéré... Alors quun brillant avenir souvrait devant lui le voilà qui sombre dans les geôle de la révolution , antichambre de la guillotine.
Comment arrive-t-il à sen sortir ? nous lignorons mais avant même la fin de la terreur , dès avril 1794, lacte de naissance de sa fille Marguerite nous apprend que non seulement il a sauvé sa tête en retrouvant la liberté mais qui plus et le voilà Secrétaire en chef de ladministration du district de Sarre-Union. En 1795, il est élu électeur du collège électoral du Bas-Rhin. Mais lors du coup détat du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) les élections qui lui ont valu ce poste sont annulées et Jean Louis Martin décide de sétablir à Mayence.
Il y trouve un protecteur en la personne du commissaire Général Jean Joseph Marquis plus tard préfet de la Meurthe, qui lattache comme défenseur officieux ( le titre davocat supprimé par la Révolution ne sera rétabli quen 1810 ). Il conserve cette activité jusquau consulat, cest à dire Mai 1800. A cette date le nouveau commissaire général le nomme administrateur du département du Mont Tonnerre dont le chef lieu est Mayence. Quelques semaines plus tard Bonaparte crée les sous-préfectures et le voilà Sous-Préfet de Spire.
Le 30 Juillet 1802, il est nommé à Pontarlier ; il donne alors sa démission et il expliquera en 1814 que sa situation familiale et matérielle ne lui permettait pas ce déplacement ; il demeure à Spire comme avoué-avocat jusquau Traité de Paris du 30 mai 1814 qui restitue Spire à la Bavière. Il sinstalle alors à Wissembourg comme avoué et fait des démarches auprès des Ministères de la Justice et de lIntesteur (ndwebmestre : Intérieur?) pour obtenir un poste soit dans la magistrature soit dans l Administration.
Les cent jours retardent le résultat les résultats de ses tentatives et il lui faudra patienter jusquau 25 septembre 1816 pour obtenir une réponse favorable et apprendre quil est nommé procureur du Roi à Sélestat ; encore ne prendrait-il ses fonctions que le 29 mai 1817 à lâge de 55 ans. Dix ans plus tard il deviendra Président du Tribunal et le restera jusquau 5 Octobre 1841. Cest à 79 ans quil prend sa retraite ; Veuf depuis 6 ans, il se retire chez sa fille aînée à Wissembourg où il meurt le 1er Juin 1845. Suivant son désir, il est enterré auprès de sa femme à Sélestat. Si Fulcran et Claude
ont su habilement tirer parti de certaines circonstances, Jean Baptiste et son fils ont eu à faire face au plus grave des périls ce dernier navait pas les atouts de son père et paraissait quasi perdu. Nous savons comment Jean Baptiste a sauvé sa tête mais nous ignorons tout des heures difficiles, sinon tragiques vécues par son fils
Plus tard ses enfants linterrogeront. Il répondra invariablement : « je me porte
A la différence de ses aïeux il na eu que trois fils et deux filles mais qui tous survivront et longuement.
Louis Pierre Ignace Epfig 1795 Woerth 1863
Il navait que deux ans lorsque ses parents partent pour Mayence. Il va être pris en charge par une sur cadette de sa mère dont le mari, le Dr Joseph Noël fut une figure marquante de la Faculté de Médecine de Strasbourg. Joseph Spitz, également un oncle maternel et sa femme soccupèrent aussi de lui. Cest à Strasbourg quil fait toutes ses études et soutient en 1817 sa thèse sur les anévrismes du cur.
Il la dédie à la mémoire de son oncle, décédé 9 ans plus tôt et à sa tante dont loriginalité et la verve eurent une longue résonance bien au delà de sa disparition en 1860. Médecin cantonal de Wrth à partir de 1819, il épouse deux ans plus tard Victorine Geynet dont la mère Anne Rosalie Le Bel était la fille dAntoine Le Bel, fondateur de Pechelbronn.
Louis Woerth 1822 - Woerth 1894
Comme son père, il fit ses études médicales à Strasbourg et les paracheva à Paris. Il rencontrait au restaurant le philosophe Proudhon à qui il passait quotidiennement son journal. Revenu à Woerth, à la différence de son père, il ne fit jamais de politique et refusa dêtre même conseiller municipal, mais comme lui, il naimait pas les Bonaparte et leur demeure ne fut jamais pavoisée le 15 Août. Voici ce que son fils, médecin comme lui raconte dans ses mémoires : « mon père était très expérimenté, et de plus habile chirurgien ; il était souvent appelé en consultation en dehors des limites du canton. Quelque confrères des environs avaient recours à lui pour opérer leurs clients, notamment le Docteur Anstett de Soultz sous Forêts
étudiant en médecine, je lui ai plusieurs fois servi daide pendant les vacances
Cétait lancienne chirurgie
on ne se lavait jamais les mains avant une opération, à quoi bon puisquon allait se les salir quand même ! Comme mon père employait lacide phénique, il croyait faire de lantiseptic en en versant quelques gouttes sur la plaie opératoire après les derniers points de suture
et les opérés guérissaient fort bien
» . Le docteur Louis SADOUL avait épousé le 2 Mai 1859 à Strasbourg Anna Valérie Chastelain, fille dun Maire de Strasbourg. Il en eut deux fils et une fille et mourut à 72 ans le 19 Juin 1894,
Louis Sadoul 1860 Woerth, Toulouse 1912
Au cours des deux dernières sa cousine, Thérèse Chastelain, quil avait épousée en 1898, ly accompagna. Laîné de leur fils naquit en pleine santé à la frontière de Chine, mais quelques mois plus tard il succomba au climat.
Cest à Toulon quil termina sa carrière ; il prit dabord sa retraite à Antibes puis à Toulouse où il mourut subitement en Décembre 1912.
Esprit observateur et original, il publia outre un ouvrage sur la médecine coloniale, des articles sur les erreurs dune politique trop souvent ignorante des réalités lointaines que lui révélait sur place la vie quotidienne tant dans le Sud-est Asiatique que dans les colonies dAfrique.
Jean SADOUL (Toulon 1907 ) ( Auteur de ce document)
Son second fils vécut à Strasbourg à partir de la Libération en 1945. Adjoint au directeur régional de linformation, il entra ensuite à Pechelbronn et alors sinstalla dans la demeure familiale de Woerth
. Il lhabite encore plusieurs mois par an, et son fils qui y vécut sa toute première enfance y est également très attaché.
SOURCES & REMERCIEMENTS
Nous naurions rien pu écrire sans le concours des petits fils de Victor Sadoul(1811-1891), lauteur de la branche Lorraine ainsi quil est indiqué plus haut. Nous y avons rajouté la lecture des mémoires du Dr Sadoul (1860-1912).
Charles Sadoul (1872-1930) avec une persévérance et une méthode rigoureuse a rassemblé une masse de documents, que sa fin prématurée l'a empêché dutiliser lui même avec la personnalité et le talent qui le caractérisaient. Cest son frère Louis (1870-1937) qui en a tiré un copieux résumé ; nous y avons très largement puisé et il sest avéré pour nous indispensable. Le fils de Charles ( Georges Sadoul 1904-1968) apporta sur certains des lumières nouvelles.
Nous devons également remercier nos amis Mr et Mme T. Lanc dont la longue expérience à la bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg a précisé nombres de termes et de faits qui grâce à eux prennent une valeur documentaire précieuse.
Nous naurions garde doublier Mr le doyen Georges Livet et Mr Jean Laurent Vonau, président du cercle dhistoire d Alsace du Nord, dont lérudition a éclairé des horizons qui nous restaient obscurs.